Suite à sa nouvelle labellisation par l'INCa, le CGO développe ses actions dans les axes priorisés par la stratégie décennale. Ainsi au début de l'année 2023, le réseau "Exposome environnemental et sociétal" a intégré le CGO. A sa tête, Michel Samson, Directeur de Recherche Inserm et le directeur de l'Institut de Recherche en Santé, Environnement et Travail (IRSET) - Inserm/EHESP/Université de Rennes 1 UMR_S 1085 de Rennes, responsable de l'équipe : Infection, immunité, facteurs environnementaux et foie. Nous le rencontrons pour découvrir son parcours et les objectifs de ce nouveau réseau.
Depuis septembre 2019, Michel Samson est à la direction de l'Irset, une unité mixte de recherche (UMR) qui a pour mission des recherches dites académiques. Labellisée pour la première fois en 2012, l'Irset a pour tutelles l'Inserm, l'Université de Rennes et l'École des hautes études en santé publique (EHESP), en lien avec des partenaires privilégiés que sont le CNRS, l'Université d'Angers, l'Université des Antilles et les CHU de Rennes, d'Angers et de Pointe-à-Pitre. Majoritairement implanté à Rennes, l'Irset se développe sur un périmètre particulier avec des scientifiques à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe et une équipe à Angers, sous la direction d'Yves Roquelaure, qui rejoint l'Irset en 2017, et qui est «la» référence sur la santé au travail au niveau national. L'Irset regroupe des chercheurs, dont 30 chercheurs temps plein, des enseignants-chercheurs et des hospitalo-universitaires, des personnels de soutien à la recherche, des doctorants et des post-doctorants : au total ce sont près de 350 personnes qui travaillent à l'Irset, ce qui en fait la première grosse force de recherche en biologie santé de Bretagne.
«A l'Irset, nous étudions les processus biologiques et facteurs de l'environnement, dans leur définition large à savoir facteurs physiques, chimiques, biologiques, professionnels et socio-culturels, qui vont influencer la santé humaine.» Michel Samson
En savoir plus[nbsp]: www.irset.org/fr
En janvier 2021, l'Inserm sollicite Michel Samson pour prendre la direction d'un projet d'infrastructure de recherche en vue d'une labellisation par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. En octobre de la même année, le ministère valide le projet «France Exposome» sur sa feuille de route nationale des infrastructures de recherche. Cette infrastructure de recherche de très haut niveau, unique en France, est le regroupement de cinq laboratoires localisés à Rennes, Nantes, Toulouse, Paris et Verneuil-en-Halatte. Ces laboratoires proposent de mettre un ensemble d'équipements, en spectrométrie de masse notamment, et de moyens humains pour décrypter l'exposome chimique humain à la disposition de donneurs d'ordre multiples : équipes de recherche académiques, Santé publique France, l'Anses, l'INCa, etc. France Exposome est présente sur le territoire national mais fait aussi partie du réseau des infrastructures de recherche européennes sur l'exposome (EIRENE). Ce réseau européen, qui intègre 15 pays, est lui-même labellisé ESFRI-European Strategy Forum on Research Infrastructures. Portée par l'Inserm, France Exposome est soutenue par six grands établissements et universités : EHESP, INRAE, Oniris, Ineris, Université Paris Cité et Université de Rennes. Le portail internet de France Exposome permet de recueillir les demandes des équipes qui souhaitent faire un décryptage de l'exposome chimique.
En savoir plus : www.france-exposome.org
L'Irset est un institut de recherche fondamentale dont la mission principale est d'étudier et de comprendre comment les facteurs environnementaux impactent la santé humaine.
Du fait de ses recherches et de sa connaissance des processus biologiques ou populationnels des facteurs environnementaux qui influencent la santé, les scientifiques de l'Irset sont très sollicités par les autorités gouvernementales, nationales et régionales, et les agences de santé auxquelles ils fournissent des données de recherche et pour lesquelles ils réalisent des travaux d'expertise. L'Irset est devenu un institut de référence pour les autorités en ce qui concerne les données de santé environnementale.
Les scientifiques de l'Irset contribuent également à l'élaboration des plans nationaux. Leurs compétences et leur expertise sont utilisées dans les domaines de la santé au travail et de la santé environnementale, dans le cadre de plans nationaux, tels que le Plan chlordécone ou le Plan national santé-environnement.
L'Irset répond également aux sollicitations des partenaires socio-économiques, des citoyens, des associations non-gouvernementales, des organismes intermédiaires et des médias, pour commenter de nouveaux résultats de recherche ou des publications.
Chaque année l'Irset forme 50 à 100 personnes (étudiants, jeunes scientifiques...).
L'Irset contribue à fournir des données scientifiques et à améliorer les connaissances du domaine de la santé environnementale pour participer aux politiques publiques. Les recherches menées à l'Irset peuvent ainsi servir et aider à la prise de décisions à l'Assemblée nationale, au Sénat, ou par les collectivités territoriales.
Recherches sur la compréhension des mécanismes biologiques, ou en population, de l'impact de l'environnement sur l'humain.
Recherches sur certains cancers (foie, poumon, prostate, rein, sein) mais aussi d'autres pathologies (hépatopathies, pneumopathies), troubles du développement ou de la reproduction, maladies infectieuses. Sur le volet «Santé au travail», l'Irset étudie notamment les risques psycho-sociaux (RPS), les troubles musculosquelettiques (TMS) et autres troubles en lien avec l'ergonomie.
Recherches menées en lien avec ses partenaires. En travaillant avec des hôpitaux sur des échantillons biologiques issus de cohortes, l'Irset peut étudier la possibilité de développer un médicament visant à corriger les phénomènes d'un mauvais perturbateur endocrinien.
Recherches à l'échelle de la population. Les données de l'Irset peuvent être utiles à l'aide à la décision des politiques publiques.
En 2005, Christopher Wild, cancérologue, définit l'Exposome en complémentarité au génome. L'exposome représente l'ensemble des expositions auxquelles un individu est soumis depuis sa conception jusqu'à sa mort. L'Homme, tout au long de sa vie (du stade de l'embryon et jusqu'à son décès) est en effet exposé à des facteurs de l'environnement.
Prenons l'exemple du cancer du poumon. On sait qu'une personne exposée au tabac passif a plus de risques de développer un cancer du poumon, mais des facteurs génétiques «de susceptibilité à» interviennent aussi dans la survenue de la tumeur.
«France Exposome» et le réseau «Exposome environnemental et sociétal» du CGO sont deux outils différents, mais qui peuvent s'avérer complémentaires. En tant qu'infrastructure de recherche, France Exposome regroupe un ensemble d'équipements, et en particulier des appareils de spectrométrie de masse haute résolution, tandis que le réseau du CGO a vocation à fédérer des équipes de recherche menant des projets autour de la problématique de l'exposome sur le territoire du Grand Ouest.
Avec ses deux pôles de recherche à Rennes et Angers, l'Irset concentre un nombre d'équipes conséquent dans le domaine de l'exposome. De plus, plusieurs équipes du Grand Ouest, telles que le CRCI2NA, l'Institut du Thorax, l'ICO, le Laberca ou d'autres unités de Tours ou d'Orléans par exemple, étudient les facteurs environnementaux impliqués dans la survenue de cancers.
«Cela a beaucoup de sens, car dans le Grand Ouest on rassemble des expertises et des compétences que l'on peut valoriser dans des projets de recherche ambitieux pour comprendre les facteurs de risques environnementaux qui induisent des cancers chez la femme et chez l'homme. Grâce à l'Irset et à France Exposome, nous avons une position de leader et nous avons une réelle carte à jouer aux niveaux national et européen sur la thématique Exposome.» Michel Samson
Du fait de sa définition large de l'exposition environnementale, on retrouve dans le réseau «Exposome environnemental et sociétal» du CGO des recherches sur la nutrition, les addictions, la pollution atmosphérique ou intérieure, ou encore les rayonnements ultraviolets (la Bretagne et les Pays de la Loire étant les régions avec la plus forte survenue de cancers de la peau).
Le réseau du CGO concerne l'exposome «environnemental» mais aussi «sociétal». Ainsi, de par leur niveau social et économique, des personnes habitant dans un endroit donné seront dès lors exposées à certains risques liés à leur habitation.
Il est important de rappeler que l'exposome ne couvre pas seulement les aspects chimiques négatifs, mais qu'il aborde aussi le côté naturel de l'environnement avec la création d'espaces bénéfiques à la santé comme les îlots de verdure des villes ou encore les toitures végétalisées pour compenser la pollution.
Pour ce faire, ce réseau peut fédérer aussi des personnes compétentes en Sciences humaines et sociales (SHS) qui seront associées aux projets dans les domaines de l'économie, la sociologie ou les sciences politiques par exemple. Ainsi la structuration du réseau «Exposome environnemental et sociétal» du CGO va permettre de fédérer sur des thématiques et mettre autour de la table des équipes de recherche reconnues et expertes dans leur domaine au niveau moléculaire, populationnel, économique, sociologique et historique.
«Il faudra encore de nombreuses années pour décrypter l'exposome qui conduit à des cancers. Parallèlement, il est nécessaire de bien comprendre l'environnement qui bénéficie au bien-être. Cela ne peut se faire que si les recherches sont pluridisciplinaires, interdisciplinaires, voire transdisciplinaires. Je suis convaincu que le CGO peut jouer ce rôle de catalyseur dans le Grand Ouest et réussir à amener autour de la table, pour des projets donnés, des équipes de disciplines différentes.» Michel Samson
Pour en savoir plus[nbsp]: https://www.france-exposome.org/fr